Les maisons

Fraternités. Sororités. Houses ou maisons. Antre des pires excès ou nid à sales petits morpions. Honnêtement les noms ne manquent pas pour décrire les communautés qui hantent les campus universitaires. Combien de films ou de livres ont eu pour décor ces maisons et leurs membres ? Plus que ma plume paresseuse n’a envie d’en dénombrer. On les décrie pour ce côté élitiste -et aussi franchement méprisant et souvent très idiot- qui leur colle à la peau plus encore que le chewing-gum ne le fait aux semelles de mes sneakers. On les encense tout autant pour ces traditions qu’elles perpétuent et qui contribuent quoique l’on en dise à asseoir la réputation d’une université.

Et cette bonne vieille Oxford en sait quelque chose !

Croyez-vous vraiment que l’autre vieille chouette de Myers en serait aujourd’hui à la tête si elle n’avait pas, elle aussi et en son siècle, cédé aux sirènes de rejoindre l’une des quatre maisons ? Pensez-vous que les éminents membres du Council n’aient pas eux aussi leurs noms gravés à l’encre du privilège sur les annuaires des alumnis ?

Bien sûr que la plupart des têtes trop pensantes et dirigeantes de notre chère université ont eux aussi fièrement porté les couleurs et les valeurs des maisons qu’ils surveillent aujourd’hui jalousement !

Car c’est ainsi que se bâtissent les sectes comme les sociétés. Une poignée de privilégiés créent des microcosmes appelés maisons ou clubs. Des communautés où l’on cultive et enseigne l’entre soi et la cooptation. Au fil du temps et des générations les clans sont devenus clubs, maisons jusqu’à être aujourd’hui des viviers de talents, des sphères d’influence dont les membres demain, après demain et pour les générations à venir dirigeront sociétés, banques, cercles et même états pour les plus rusés d’entre eux.

Alors, oui, beaucoup rêvent de rejoindre nos maisons pour vivre intensément leurs années estudiantines. Ils veulent boire jusqu’à en rouler sous les tables et se réveiller le matin sans plus le moindre souvenir de leurs excès de la veille. Ils veulent verser dans ces excès, ces agapes sensuelles et goûter à tous ces plaisirs et produits illicites qu’ils interdiront pourtant formellement et fermement à leur progéniture.

Ils veulent vivre vite et fort parce qu’ils savent que demain et l’obligation d’être raisonnable viendront bien assez tôt.

Demain ils dirigeront le monde.
Mais aujourd’hui ils font surtout de celui-ci un Chaos peint à l’aune de leurs excès.

Bienvenue dans l’univers merveilleux des maisons d’Oxford !

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Non, tous les étudiants ne rejoignent pas une maison. Ils sont même une majorité à ne pas en faire partie. Certains ne peuvent simplement pas s’offrir le luxe que représente le fait de vivre à l’année dans l’une de ces maisons où l’argent coule si bien à flots que d’aucuns trouveraient cela indécent. Pour d’autres c’est juste un refus farouche de rentrer dans l’une de ces usines dorées et pailletées où l’on formate les esprits. Enfin il y a ceux qui en rêvent sans jamais oser le dire. Ceux qui chaque été se jure d’oser faire ce pas qui les mènera au seuil de ces maisons rêvées. Il suffirait d’un pas pour arriver jusqu’à ce bureau où des membres agaçants de beauté et d’amabilité vous proposeront de vous inscrire pour tenter les sélections. Un pas, rien qu’un. Mais ils ne l’ont jamais fait. Ou peut-être l’ont ils fait mais préfèrent oublier la fin malheureuse de leur audace ?  

Ces étudiants là sont une majorité que beaucoup aimeraient silencieuse quand elle l’est rarement. Ils existent, respirent, étudient et sont parfois plus fêtards ou brillants que les membres des maisons. Et au conseil des étudiants eux aussi sont représentés. Les membres des maisons se pensent tout puissants. Ils pensent que leur naissance, leur nom ou leur fortune font d’eux les rois et les reines du campus. Peut-être devraient ils revoir leurs cours d’histoire. Les souverains ont toujours mal fini.

Et la plèbe, elle, s’est toujours soulevée.  

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Ils sont ces garçons et ces filles sur lesquels l’on ne peut s’empêcher de se retourner. Les envieux et les aigris les décriront comme étant des parangons de futilité plus prompts à dégainer leur miroir de poche et leur téléphone pour prendre des selfies qu’ils ne mettent d’ardeur à ouvrir leurs livres. Beaux à en rendre Barbie laide et fripée ils semblent tout droit sortis d’un magazine de mode. Avant c’était les designers qui faisaient les tendances. Maintenant ce sont des mômes comme ceux-ci qui inspirent les designers. Eux qui dictent ce qui se fait - ou ne se fait pas - en matière d’élégance, de mode ou de beauté.

Mais ne vous y trompez pas. Ces phénomènes passés maîtres dans l’art de se jouer des apparences sont bien plus que des vanity emplis de produits de beauté ou des dressings remplis à en dégueuler. Eux sont aussi parmi les êtres les plus rusés qui soient et ils n’ont pas leur pareil pour manipuler leur petit monde. De ceux qui sourient devant et vous poignardent dans le dos.

Méfiez-vous d’eux car s’ils peuvent se révéler des amis sincères ils ont vite fait de retourner leur veste - Maje au minimum - lorsque leurs intérêts les y poussent. Beaux et opportunistes ? Ceux là iront loin !
 

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Jamais en retard à un cours, toujours les premiers à arriver et les derniers à partir de la bibliothèque qu’ils hantent tant qu’ils en gardent l’odeur imprégnée à leurs vêtements. Étudiants appréciés des enseignants ils ont la triste réputation de n’être que des bêtes à concours, des individus incapables de seulement lever le nez de leurs devoirs pour mieux profiter de la vie et faire la fête. Des vieux avant l’heure si ce n’est pas du gâchis quand même !

Trop studieux, eux ? Ils le sont assurément mais les réduire à l’état de cervelles trop remplies serait une grave erreur. Car il y a de la malice chez ces enfants peut-être pas aussi sages qu’ils y paraissent. Après tout certains des plus grands criminels étaient eux aussi de brillants individus, n’est-ce pas ? Il faut être malin pour tenir en échec les forces de l’ordre. Et parmi ces adorables rats de bibliothèque se trouvent plus d’un prétendant au titre de pousse de gangster ! Quoi de mieux qu’un doctorant en chimie pour élaborer de nouvelles drogues ? Et qui mieux saurait mieux qu’un avocat détourner les lois à son avantage ?

Vous pensez que ces étudiants gaspillent leur jeunesse en dévorant les livres plutôt que les litres de whiskey ? Que leurs soirées plus raisonnables - voir même réellement sages - font d’eux des bonnets de nuit mortellement ennuyeux ? Ils pourraient bien vous surprendre. Et vous en remontrer !

Ne jamais sous-estimer une cervelle bien faite ou elle pourrait bien disséquer la vôtre un jour prochain !

 

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Les athlètes. Ceux que l’on imagine plus souvent à la salle de sport que dans une salle de cours. Ceux à l’on prête trop souvent le QI d’une huître et que l’on maudit tant il semble communément acquis que ces gens-là n’obtiennent jamais leur diplôme qu’en fonction de leurs résultats sportifs. Cela est-il vrai ?

Pour partie sans nuls doutes. Mais quel mal y a-t-il ? Échange de bons procédés comme le dit l’adage. Oxford a beaucoup à gagner avec ces sportifs qui laissent retomber sur leur université un peu de leur gloire. Et, de façon prosaïque un athlète médaillé rapporte des sponsors et de l’argent et, ça, ça met tout le monde d’accord, non ?  Sauf les ascètes et les hypocrites mais de ces causes perdues qui se soucie vraiment ?

Certains sportifs méritent peut-être bien - et amplement qui plus est - leur réputation de gros muscles petite cervelle. Mais il pourrait être doublement dangereux de trop bien prendre les fils de Zeus pour des abrutis finis. D’une part car leurs fêtes sont de celles qui méritent d’être testées une fois au moins.

De l’autre parce qu’il ne fait pas bon se battre avec eux. Entre les archers, les épéistes, les lutteurs et autres gros muscles… Sans compter que ces vous les avez déjà vus se déplacer seuls ?
 

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Les athlètes. Lorsque ceux-là daignent se montrer avant l’heure du déjeuner, qui plus est pour assister à l’un de leurs cours, les enseignants marquent le jour comme miraculeux sur leurs agendas. Il faut dire que pour ces fêtards invétérés la vie ne se conjugue jamais aussi bien que lorsque le jour s’en est allé et que de la nuit ils peuvent alors faire leu royaume. Celui où, souvent pour le plus grand désespoir de la direction, ils organisent des événements dont les participants mettent souvent plus d’un jour entier à se remettre.

Enfants privilégiés parmi les privilégiés, héritiers dont le nom seul suffira à leur ouvrir toutes les portes les études ne sont jamais pour eux que des formalités, presque des caprices imposés par leurs parents. La vérité étant que, diplôme ou pas, ceux-là ont déjà le monde à leurs pieds. Membres d’une famille royale ou d’une autre, héritiers d’un empire financier ou d’une affaire florissante ils sont ceux qui ne manqueront jamais de rien.

Capricieux ? Assurément. Paresseux ? Pas si sûr ! Car naître avec un nom ou une fortune ne rend pas forcément heureux. Et si cela en fera ricaner plus d’un tenter de se faire un prénom, de tracer sa propre route n’est pas chose aisée même pour eux. Et pour ceux qui leur en laisseront l’occasion ces étudiants là pourraient enfin faire leurs preuves et montrer ce dont ils sont réellement capables.

Eux ? Ils sont les héritiers d’une nuit de fête mais aussi et surtout ceux qui demain réinventeront le monde à l’aune de leurs paillettes.
 

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